Thomas Coville : L’échec a du bon

sodebo

Nous sommes le lundi 26 décembre 2016 et Thomas Coville vient de pulvériser le records de tour du monde en solitaire et en multicoques que tout le monde connaît.

C’est un exploit monumental, une prouesse technique et humaine prodigieuse. Personne ne peut le nier, ce marin vient de remettre tout le monde d’accord.

Mais hormis l’exploit technique, Thomas Coville nous force aujourd’hui à une réflexion qui va bien au delà de sa victoire et de son record. Une réflexion qui porte sur les vertus de l’échec, et sur laquelle la société (française notamment) doit réellement méditer. Et il n’est pas le premier marin à faire réfléchir. Explications :

Loïck Peyron, cauchemar des DRH

« Chers Directeurs des ressources humaines, vous qui ce midi, à table, vous réjouirez des exploits de Loïck Peyron.

Vous qui ne tarirez pas d’éloges sur sa résistance physique, sur son sens de l’engagement, sur l’intelligence de ses choix tactiques, sur son adaptation à un bateau qu’il ne connaissait pas voilà à peine deux mois…

Vous qui dans votre entreprise êtes en charge du recrutement, n’oubliez pas, quand vous mettrez à la poubelle l’excellent CV d’un candidat, au seul prétexte qu’il a dépassé 45 ans, de vous demander quel est l’âge du capitaine qui vous a tant fait rêver l’autre jour à table.

54 ans !« 

Ce sont les mots de Jacques SAYAGH suite à la victoire de Loïck Peyron de l’édition 2014 de la Route du Rhum. La réflexion est intelligente, et cette victoire et ce record de Loïck Peyron à 54 ans prouvent qu’on a beau avoir plus de 40 ans, et même être sportif et fumeur (même si fumer c’est mal), la société doit lutter contre les clichés et les jugements portés sans connaissance véritable. Le billet de Jacques SAYAGH a réellement touché juste.

Thomas Coville, ou les vertus de l’échec

Quatre naufrages et un commandement.

« Je suis fier d’avoir fait 5 tentatives : je suis tombé et je me suis relevé. C’est mon histoire« . Ce sont les mots du Capitaine Coville à l’occasion de sa première interview à la presse, à peine son parcours achevé.

Lui dont le départ a été occulté par le Vendée Globe dont la flotte est partie le même jour, c’est une multiple victoire. Une victoire envers lui-même, une victoire contre ceux qui ne croyaient plus en lui suite aux nombreux échecs auxquels il a fait face, et une victoire envers les personnes qui se sont engagées pour lui. Plus le combat est dur, plus le défis est grand, plus la victoire est belle. Ce qui explique les larmes du skipper lorsque la Marine Nationale l’accueille en lui souhaitant un bon retour dans les eaux françaises.

Le plus prodigieux, ce n’est pas le record (enfin si, tout de même), mais le mental d’acier trempé de Thomas Coville, dont tout le monde devrait s’inspirer. Ce n’est pas une fois qu’il a échoué, pas deux fois, pas trois fois, mais quatre fois, avant de réussir la cinquième.

Comment à 48 ans, après avoir subit autant d’échecs et d’humiliation, est-il possible de se dire que cela en vaut encore la peine ? Thomas Coville a très certainement déprimé durant de longs mois, des années, et a certainement vécu d’énormes frustrations, mais ça ne l’a pas empêché de résister. Et du courage, il en faut. Du mordant surtout. Ceux qui doutent à cause de leur échec doivent s’inspirer de l’état d’esprit de Thomas Coville. C’est la vie qui impose de la pugnacité.

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Faut-il échouer pour réussir ?

« I have failed, over and over, and that is why I succeed » Michael Jordan.

Il semble y avoir en France beaucoup de tabou autour de l’échec. Et à juste titre. Un échec n’a rien de glorieux en soi. Pourtant, ailleurs, en Angleterre, aux USA, en Israël, l’échec est quelque chose de beaucoup plus admis, accepté, voir valorisé. Certes, l’échec est une école universelle, vu que c’est par lui que l’on s’améliore, que l’on apprend. Mais il laisse une cicatrice, et que certains ne cachent pas. Au contraire.

« Je n’ai pas échoué des milliers de fois, j’ai réussi des milliers de tentatives qui n’ont pas fonctionné » a dit Edisson au sujet de l’ampoule électrique qu’il a inventée.

Il y a aussi De Gaulle, Roger Federer, Serge Gainsbourg, Bourville, Georges Brassens.

Federer par exemple, pour battre Nadal, a étudié précisément et en détails ce qui l’a fait perdre face à l’espagnol. Et cela lui a permis de le battre par la suite. C’est en cela que l’échec est vertueux. Et voilà ce qui a fait réussir Thomas Coville lors de cette cinquième tentative.

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Certains réussissent tout et rapidement, comme François Gabart (qui ne cesse de travailler mais dont le talent est indéniable). D’autres n’ont pas le choix que de persévérer. On le voit encore actuellement avec Armel le Cléac’h qui est pour le moment en tête du Vendée Globe (et pourvu que ça dure), et qui attend le titre depuis si longtemps.

Quelqu’un qui échoue est mieux armé voir plus complet que quelqu’un à qui tout souri tout de suite.

Ce sont donc des leçons de vie que nous offrent les marins à chaque compétition. Ils se dépassent eux-mêmes et nous poussent à la réflexion.

La société dans son ensemble, et surtout les étudiants et les jeunes entrepreneurs, devraient étudier ou s’inspirer de l’état d’esprit de la compétition, de la pugnacité des combats et des défis. Car plus ils sont grands, et plus la victoire est belle. Et Thomas Coville nous l’a prouvé en 49 jours et trois heures.

Prochaine étape pour Thomas Coville : The Bridge 2017, une régate de Saint-Nazaire à New-York, qui débutera le 23 juin 2017, et qui opposera les plus grands multi-coques au Queen Mary II. Un pari fou dont l’évènement fera écho tout au long de l’année.

2 commentaires

  1. Ça ne vous gêne pas de ne pas citer l’auteur ????

  2. Ça ne vous gêne pas de publier sans citer l auteur ???

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