Yachting : on peut juger un équipage aux chaussures sur le quai

En faisant un peu de philosophie de bas étage, on peut facilement supposer l’état de l’organisation d’un équipage d’un yacht en observant sur le quai la disposition des chaussures laissés à côté de la passerelle.

Pourquoi se déchausser avant d’embarquer ?

C’est un principe né avec le yachting qui permet de préserver la propreté du pont et d’éviter de détériorer sa surface. Cette règle est valable davantage pour les équipages que pour les passagers, mais ne leur exonère pas l’obligation du port de chaussures de pont qui font partie des équipements de protection individuelle indispensables.

Les chaussures de pont sont portées exclusivement pour le bord, et celles pour la vie courante à terre restent (en principe) impérativement à quai.

Juger un livre à sa couverture ?

Un panier à chaussures ? Des petits escaliers qui sont aussi un coffre de rangement ? Des paires jetées à même le quai ? Il y a parfois des détails qui captent l’attention, des indices subtils qui révèlent l’histoire du navire en coulisses.

Parmi ces signes, les chaussures laissées sur le quai, délaissées, classées, ordonnées, disposées, parfois solitaires, peuvent révéler l’organisation à bord sans même avoir besoin d’embarquer.

Il y a deux détails à distinguer : la disposition et la marque de chacune des paires.

La disposition des chaussures sur le quai, reflet d’un certain caractère ?

A bord des yachts, tout est millimétré, rien n’est laissé au hasard. Tout est ordre, protocole, soucis du détail, discipline.

On reconnaitra facilement l’esprit général de l’équipage consciencieux de l’attention portée à l’organisation du navire en fonction de la manière dont les chaussures sont déposées à côté de la passerelle.

  • Le panier à chaussures : il contiendra une variété de chaussures différentes, chacune avec sa propre apparence, sa propre fonction et son propre style, et symbolisera la diversité et l’inclusion. Le panier à chaussures reflètera aussi l’organisation et l’entraide mutuelle au sein de l’équipage.
  • Le coffre à chaussures : Le coffre symbolisera l’unité de l’équipage et son imperméabilité face aux contraintes extérieures. Il est l’illustration ultime de l’exigence et de l’unité de l’équipage. Il évoquera bien sûr son esprit collectif mais surtout clanique ne le rendant pas très avenant.
  • Des chaussures disposées sauvagement : des paires déchaussées au gré des circonstances en début de coupée peuvent révéler un équipage difficile. Tout comme le rangement d’un bureau de travail reflète l’état d’esprit de celui qui l’utilise, les chaussures qui ne sont pas disposées consciencieusement laissent supposer un manque d’intérêt pour l’ordre et illustre une certaine nonchalance qui n’est pas forcément compatible avec les fonctions attendues à bord d’un yacht.
  • Des paires alignées proprement : les chaussures disposées en ligne et en ordre sont synonyme d’un équipage attentif au respect du port qui l’accueille, de son environnement et de l’organisation de la vie à bord. Il fait preuve du même respect à bord qu’à terre, et a le soucis de la politesse, de la propreté et de la considération des lieux qui l’entourent.

« Dis moi quelles chaussures tu portes, je te dirais qui tu es »

Les choix vestimentaires d’une personne reflètent des aspects de sa personnalité, de son style de vie, de ses préférences, de sa culture.

Si les chaussures de pont d’un équipage sont souvent les mêmes modèles, celles laissées sur le quai peuvent révéler, outre le style vestimentaire, la personnalité du propriétaire, son statut social, voire ses valeurs.

Une étude américaine publiée en 2012 intitulée « Shoes as a source of first impressions » (« Les chaussures, source de première impression« ) atteste que 90% des traits de caractère d’une personne peuvent être devinés rien qu’en jetant un regard sur les chaussures qu’elle porte, et notamment le sexe, le statut social, l’âge, la stabilité émotionnelle, la générosité, l’humeur, la tendance politique, etc.

Utile en cas de dockwalking :

Le dockwalking, cette pratique ancienne qui consiste à faire du porte à porte en longeant les quais avec un CV en main dans l’espoir d’un embarquement, n’est jamais un exercice facile, surtout quand on débute dans le métier de marin.

En tenu de travail, propre sur lui, sac sur le dos, le dockwalker va d’abord s’assurer d’une présence à bord du navire qu’il convoite en regardant si la passerelle est sortie et si des chaussures sont disposées sur le quai. Il évitera d’embêter l’équipage s’il voit que les canapées, les tables et les chaises n’ont pas de protection, car cela signifie qu’il y a une présence importante à bord (des clients, le propriétaire, etc.)

Le cas échéant, adaptera t-il son discours aux types de souliers qu’il verra ?

S’il aperçoit :

  • Des chaussures colorées : il y a parmi l’équipage une personne extravertie.
  • Des chaussures désagréables à porter : il y a à bord une personne à l’humeur calme.
  • Des chaussures pratiques et fonctionnelles : elles sont portées plutôt par des personnes plutôt agréables.
  • Des bottines : elles révèlent une agressivité.
  • Des chaussures bon marché et passe-partout : elles sont attribuées aux personnes de tendances politiques plutôt de centre-gauche.
  • Des vieilles chaussures mais entretenues avec soin : elles reflètent une personnalité consciencieuse.
  • Des chaussures hideuses : le propriétaire se moque de ce que pensent les autres d’eux et peut avoir du mal à former des relations sociales.

En tout état de cause, si ces observations ne paraissent pas utiles, si elles sont difficiles à mettre en œuvre, ou si le dockwalking n’est pas une méthode avec laquelle on est à l’aise, il reste les groupes facebook d’annonces d’équipages !

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