Le 22 juillet 2024, l’ancien yacht de Steve Jobs Venus de 78 mètres a été impliqué dans une collision avec le Lady Moura de 104,6 mètres au large des côtes de Naples, en Italie, alors qu’ils étaient au mouillage.
Grâce au témoignage d’un membre de l’équipage présent lors de l’incident, la version officielle révèle qu’un changement de vent soudain et violent est à l’origine de la collision, ce qui a modifié les cercles d’évitage des deux navires, les plaçant dans la trajectoire l’un de l’autre.
Cet incident a souligné l’importance cruciale de maintenir une vigilance constante et de respecter les bonnes pratiques maritimes, en particulier lorsque l’on mouille dans des espaces restreints.
Contextes et leçons
Alors que les images de l’incident semblent d’abord montrer Venus venant heurter Lady Moura lui attribuant une faute importante, une analyse plus approfondie apporte une perspective plus nuancée sur l’événement.
Le 22 juillet, les deux yachts étaient ancrés au large de Naples. Soudain, le vent a changé de direction, rapprochant dangereusement les deux bateaux au point que leurs rayons de giration se sont chevauchés.
Il est apparu que Venus avait déployé une chaîne d’ancre plus courte que celle de Lady Moura, et, de façon critique, sa passerelle était inoccupée au moment de l’incident.
Un autre point de vue illustre mieux la situation :
Bien que l’équipage de Lady Moura ait démarré les moteurs et tenté de prévenir Venus, le temps manquait pour manœuvrer et éviter la collision.
« Le vent a changé très soudainement, passant d’une légère brise à des rafales de 55 nœuds en l’espace de quelques minutes. Aucun des deux navires n’a dérapé, mais l’autre yacht avait une chaîne d’ancre deux fois plus longue que prévu. »
Les deux capitaines se sont immédiatement entretenus après la collision et seuls de légers dégâts ont été constatés, nécessitant des réparations mineures.
Cet incident met en lumière l’importance de maintenir une veille attentive à la passerelle, la nécessité de rester vigilant, de respecter les règles communes et d’anticiper le facteur « que se passerait-il si..?« .
La convention COLREG a déjà tout prévu
La règle 5 de la convention COLREG (Collision Regulation, le RIPAM en français) qui porte sur la veille précise :
« Tout navire doit en permanence assurer une veille visuelle et auditive appropriée, en utilisant également tous les moyens disponibles qui sont adaptés aux circonstances et conditions existantes, de manière à permettre une pleine appréciation de la situation et du risque d’abordage. »
Cette règle n’a manifestement pas été pleinement respecté en l’espèce.
La communication, seul outil efficace dans toutes les situations
Il existe de nombreux facteurs contribuant aux accidents entre navires, mais la plupart d’entre eux peuvent être attribués à une communication inefficace ou au non-respect des règles.
Une grande majorité des équipages du yachting n’utilisent pas correctement leur VHF marine au mouillage, en navigation, en entrant ou en sortant d’un port. Ils sont difficilement joignables et sont avares en informations quand il s’agit d’en fournir.
Au delà, l’utilisation du radar, la communication entre navires, les alarmes d’ancrage, une veille appropriée au mouillage par du personnel formé, et la capacité à réagir rapidement aux changements de conditions météorologiques sont tous essentiels pour assurer la sécurité d’un navire, qu’il soit en mouvement ou non.
Dans certaines zones de mouillage ou les ZMFR, les navires disposent souvent de postes désignés pour éviter de tels incidents, garantissant une distance de sécurité entre leurs rayons de giration.
C’est pourtant une préoccupation importante et souvent négligée, en particulier lorsqu’il y a une disparité de taille entre les navires, une différence de prise au vent ou des conditions de charge.
Par exemple, un navire lourdement chargé réagira davantage aux courants qu’au vent, tandis qu’un plus grand navire se comportera différemment d’un plus petit. Les changements de marée, de vitesse ou de direction du vent, ainsi que d’autres facteurs, peuvent tous augmenter ou réduire le rayon de giration d’un navire.
Il est impératif qu’un navire entrant dans une zone de mouillage communique avec les autres navires déjà ancrés afin de connaître leur rayon de giration, le nombre de maillons mouillés, et quels problèmes potentiels pourraient survenir.
En fin de compte, cet incident rappelle à tous les membres d’équipage, quel que soit leur niveau d’expérience, que la vigilance, la communication et le respect des règles sont essentiels pour prévenir les accidents et garantir la sécurité de tous à bord.
un deuxième ancrage en poupe ne résoudrait t’il pas le problème !