Une lettre ouverte d’un marin a été publiée sur les réseaux sociaux le 22 février 2024 sous forme de coup de gueule envers la Génération Z et elle n’a pas manqué de faire réagir les équipages du Yachting.
Par nature, les équipiers à bord des yachts et mégayachts sont de différentes générations, de différentes cultures et de différentes nationalités, ce qui nécessite un esprit d’équipe solide pour la bonne marche du navire.
Les défis des équipages multigénérationnels et multiculturels
Il n’y a pas qu’à bord des navires où les générations se mélangent autour d’un objectif commun. C’est le lot de toutes les entreprises d’accueillir parmi les séniors les nouvelles recrues du marché du travail.
De la même manière qu’un officier aspirant de l’Ecole Navale n’est pas toujours bien accueilli lors de ses premiers embarquements parmi les officiers mariniers et matelots qu’il va devoir commander alors qu’ils naviguent depuis plus de trente et qu’ils ont déjà fait trois fois le tour du monde, les nouveaux brevetés « Capitaine 200 » et autres « Yacht Master » se ne retrouvent pas toujours dans un univers inclusif.
La Génération Z, qu’on appelle aussi les « Zoomers » en opposition aux « Boomers » en référence aux baby boomers, est celle des personnes nées entre 1997 et 2010 et caricaturée comme atteinte du syndrome de Peter Pan, qui aborderaient le travail très différemment de leurs ainés :
- Elle aspirerait à une organisation plus horizontale du travail ;
- Elle valoriserait davantage son épanouissement au travail, son bien-être, la bonne entente avec les collègues et l’épanouissement personnel par rapport aux aînés ;
- Elle aurait un rapport particulièrement décomplexé à l’erreur et ne diaboliserait pas l’échec comme les autres générations ;
- Elle exigerait une nouvelle gestion managériale et entrepreneuriale…
En bref, elle accepterait moins les conventions existantes (qu’elles soient professionnelles ou sociales), ce qui rendrait les relations difficiles comme l’illustre la lettre ouverte de ce marin anonyme envers les jeunes recrues qui débarquent dans le milieu du Yachting.
« Arrêtez de pleurer et ayez du cran »
Traduis de l’anglais
Lettre ouverte postée sur un groupe Facebook d’équipages du milieu du Yachting :
Cher Yacht Crew de la Génération Z,
Vous avoir à bord impose au reste de l’équipage de faire face à de multiples défis, comme par exemple :
- Passer derrière vous pour rectifier votre travail bâclé parce qu’il est plus simple de faire le travail nous-mêmes que de vous demander de réparer vos propres erreurs. Chaque travail qu’on vous confie est accueilli par une crise de colère, et personne ne veut vous voir pleurer. Arrêtez cela.
- Vos régimes alimentaires sporadiques n’impressionnent pas le chef, surtout lorsqu’il essaie de s’approvisionner dans des endroits reculés. Arrêtez cela. Mangez la nourriture qui vous est donnée, surtout quand c’est le même repas que celui des propriétaires. Vous pouvez décider de devenir végétalien quand vous aurez un emploi à terre.
- Règle numéro 1 : N’importunez pas le navire. Quand vous vous plaignez de la misère de devoir « travailler » avec d’autres membres d’équipages ou des habitants locaux, non seulement vous importunez le navire, mais cela vous fait surtout passer pour quelqu’un de mauvais. Arrêtez cela. Arrêtez de vous tourmenter, et arrêtez surtout d’importuner les personnes qui vous ont embauché en premier lieu.
- Il n’y a pas de « JE » dans l’équipage. Arrêtez de jouer au perturbateur toxique qui se pose toujours en victime dans chaque situation. Nous sommes tous sur le même navire pour travailler, pas pour les vacances. Nous travaillons ensemble au service du charter, des clients et du propriétaire. Bien sûr que vous devez évacuer la pression, mais répandre la haine contre votre équipage plutôt que l’amour ou la bienveillance, ce n’est pas correct. Arrêtez de travailler contre vous-même et travaillez avec votre équipage. Vous êtes ici pour travailler alors travaillons, soyons payés et rentrons chez nous.
- Être gentil est beaucoup plus facile qu’être méchant. Vous devriez essayer.
La vie est dure, surtout quand on reçoit un salaire supérieur à la normale, quand on a beaucoup de temps libre pour explorer les endroits sympas où l’on voyage, quand tous les frais sont couverts, quand la bière est gratuite, quand on a de la bonne bouffe et une incroyable équipe avec laquelle on peut travailler.
Alors arrêtez de pleurer et faites-vous pousser une paire.
« OK Boomer ! »
Les réactions à cette lettre ouverte qui n’a pas été signée ont été un torrent d’oppositions :
« Ferme-la, boomer. Ce n’est pas différent de n’importe quelle génération, il y a de bonnes personnes et de mauvaises personnes. Certains travailleurs les plus acharnés que j’ai rencontrés font partie de la génération Z et des milléniaux. Mais oui, vas-y, fais une déclaration générale en pensant que tout le monde est pareil. Et si tu es constamment confronté à des problèmes, peut-être que c’est toi le vrai problème ? Tu y as déjà pensé ? Au lieu de cela, tu te plains sur Facebook, et anonymement.«
« Voilà ce qui reflète tout ce qui ne va pas avec les managers dans le yachting. En 24 ans, je n’ai jamais rien lu d’aussi toxique. Je vous suggère de VOUS regarder dans la glace et d’adapter votre état d’esprit à l’environnement privilégié dans lequel vous vous trouvez.«
« Les gosses d’aujourd’hui », « de mon temps » bla bla bla, cela n’a rien à voir avec la génération, et c’est juste une manière de dire de la merde anonymement à propos de toute une génération. Il y a du bon et du moins bon dans les équipages, l’embauche n’a jamais été une tâche facile mais les bons existent et j’en emploie 5.«
Respect et bienveillance, la seule approche à avoir :
Au final, les conflits au travail ne sont pas causés par un choc générationnel mais par l’approche des missions, le sens qu’on leur donne et la bienveillance des manageurs.
Les navires en sont le parfait exemple puisqu’on retrouve à bord des équipages multilingues, de nationalités différentes, de cultures différentes, d’orientations politiques différentes.
La compréhension, la communication, la patience et la bienveillance favoriseront toujours la réussite d’une mission si chaque marin, quel que soit son rang à bord, garde en tête que le collectif prime toujours sur l’individu, peu importe l’âge ou le niveau d’expérience.