Quand on pense à un « paquebot« , on l’imagine souvent avec une coque noire et d’énormes cheminées jaunes, alors qu’un navire de croisière est plutôt imaginé grand et blanc.
Pourquoi n’y a-t-il plus de navires de croisière à coque noire ? La couleur blanche des navires est-elle nécessaire ? Est-elle règlementaire ? N’est-elle qu’esthétique ? Est-elle devenu traditionnelle ?
Les navires blancs, une pratique récente :
La coque du Titanic n’était pas blanche, mais noire pour la partie émergée et rouge sous la ligne de flottaison ; seule la superstructure était blanche. Le SS Normandie également.


En effet, à l’origine, les navires de croisière avaient des coques sombres afin de masquer les traces des vapeurs et fumées de charbon qui étaient la principale source de carburant à l’époque. La couleur noire de la coque permettait de camoufler les salissures.
En effet, le combustible noir, gras et suieux devait être chargé sur le navire par des portes et des trappes à même la coque près de la ligne de flottaison. C’est seulement alors qu’il descendait par des toboggans pour atterrir dans les soutes à charbon.
On peut facilement imaginer comment les nuages de poussière de charbon pendant le chargement auraient pu ruiner l’apparence de la coque, d’où le fait d’opter pour des couleurs sombres.
Les premières exceptions :
A l’époque, quelques cas rares existent où les coques des paquebots océaniques étaient peintes en blanc ou en gris, comme les navires RMS Empress of China, RMS Empress of India, et RMS Empress of Japan qui avaient tous des coques blanches malgré la combustion du charbon.
L’armateur est toujours resté fidèle au blanc pour ses futurs navires, le plus célèbre étant peut-être le RMS Empress of Britain.


Malgré ces exceptions notables, les couleurs claires sont devenues la norme après la conversion des navires au pétrole.
La première transition du genre fut le RMS Mauretania de la Cunard Line, modernisé pour brûler du pétrole au lieu du charbon après la Première Guerre mondiale, et sa coque noire a été repeinte en blanc.
Malgré cela, la coque noire est restée un symbole emblématique du paquebot océanique traditionnel, longtemps après que les navires à vapeur soient devenus des navires à moteur et que le charbon ne soit plus utilisé dans l’industrie.
La disparition de la coque sombre et l’avènement du blanc :

A l’origine, à l’époque où la climatisation ne s’était pas démocratisée, les navires de croisière étaient destinés à naviguer principalement dans des zones chaudes et tropicales.
En toute logique, la couleur blanche a été envisagée à des fins de thermorégulation, celle-ci étant incontournable quand il s’agit d’envisager le meilleur réflecteur et le pire absorbeur de lumière solaire. La peinture blanche reflète ainsi le soleil et maintient le navire plus frais.
Le blanc a également un aspect psychologique, perçu comme une couleur réconfortante, donnant au navire un aspect net et précis, un beau contraste avec la mer bleu-vert tropicale, parfait pour les affiches publicitaires et pour distinguer les navires de commerce des navires « de loisirs ».
Le blanc, une fausse norme ?
Hormis ces aspects marketing, psychologiques et « scientifiques », la coque blanche n’est pas une norme réglementaire imposée aux navires de croisière.
En effet, aucune norme ni aucune convention n’impose aux armateurs de concevoir leurs flottes de couleur blanche. Le choix de la couleur dépendra du propriétaire et de la stratégie commerciale autour du navire, ou de la destination qui lui est donnée.
En effet, à titre de premier exemple, la Compagnie du Ponant compte parmi sa flotte des navires à coque blanche (Le Ponant et le Paul Gauguin), à coque bleue marine (Le Commandant Charcot), et à coque grise (Les sisterships d’expédition Le Boreal, L’Austral, Le Soleal, Le Lyrial).


Certaines compagnies contemporaines telles que Disney et la Holland America Line, ont opté en faveur de la coque sombre traditionnelle. D’autres compagnies de croisière, telles que Norwegian, Dream Cruises et AIDA, ont expérimenté avec des œuvres colorées, afin de distinguer leurs navires sur un marché de plus en plus encombré.


La dernière nouveauté dans l’industrie des croisières, le Scarlet Lady de Virgin Voyages, est entièrement grise, à l’exception de la poupe rouge et de l’image d’une sirène des deux côtés de la coque.

Mais il semble généralement y avoir une tendance pour les navires de croisière orientés vers la famille, qui sont axés sur le divertissement et les attractions, de préférer des coques blanches, tandis que ceux axés sur un public adulte avec un goût pour l’héritage du voyage en mer, préfèrent conserver l’élégance classique de la coque sombre.

En tout état de cause, avec l’avènement des navires à moteur et l’émergence des technologies de contrôle thermique à bord, la couleur de la coque d’un navire est avant tout le résultat de décisions marketing et de différenciation visuelle.