Le constructeur de yachts a opéré un virage stratégique pour se redresser : il favorise dorénavant les très grandes unités, propose des bateaux moins rapides et mise sur les services.
Finis les procédures de sauvegarde et les problèmes judiciaires. Dirigé depuis mars 2011 par Éric de Saintdo, le fabriquant de yachts de luxe est reparti de l’avant grâce à un virage stratégique.
Rodriguez a réalisé au deuxième trimestre 2012 un chiffre d’affaires de 9,9 millions d’euros contre 21,6 millions d’euros à la même période l’an dernier. Il ne faut pas se fier aux apparences. Le marché est, certes, très tendu et très concurrentiel mais la chute brutale du chiffre d’affaires du groupe de Golfe Juan n’est pas lié à la crise mais à un repositionnement stratégique sur des unités de plus grande taille, et donc aux délais de fabrication plus importants.
«Notre marché a évolué, explique Éric de Saintdo. Nous avons toujours une clientèle attachée à notre gamme de bateaux luxueux et rapides. Mais de plus en plus d’acheteurs prennent la plaisance sous un autre angle: ils ne veulent pas de carène planante et veulent plus de volume». La spécificité historique de Rodriguez a toujours été la fabrication de yachts luxueux à carène planantes, avec ses célèbres Mangousta et yachts de la gamme Leopard.
Aujourd’hui, le groupe n’a pas abandonné ses racines: il propose toujours des Leopard dans le cadre d’un partenariat avec le chantier Italyachts. Un bateaux de 43 mètres en composites y est d’ailleurs actuellement en construction. Vitesse de croisière annoncée: 30 noeuds.
«On ne fait plus rien en dessous de 40 mètres»
Rodriguez développe également une gamme de bateaux rapides dans le cadre d’un contrat exclusif avec Cerri Marine (groupe Gavio). Mais le nouvel axe de développement de Rodriguez se situe aujourd’hui sur les bateaux en aluminium ou en aciers, de très grande taille, et à «semi-déplacement», c’est-à-dire des carènes non planantes qui évoluent à des vitesses de l’ordre de 17 noeuds. Ces nouvelles unités sont fabriquées dans le chantier San Lorenzo.
«Nous avons beaucoup évolué, reconnaît Eric de Saintdo. Maintenant, on ne fait plus rien en dessous de 40 mètres. Le recours à l’aluminium vous mène vers d’autres types de carènes et d’autres types de produits». Du coup, le constructeur ne propose plus rien non plus en-dessous de 10 millions d’euros à sa clientèle. Celle-ci est avant tout russe, ukrainienne, polonaise et de plus en plus chinoise. D’autre part, la clientèle nord-américaine est en chute libre, en revanche les clients mexicains et brésiliens sont de plus en plus nombreux.
Pour élargir son offre, Rodriguez a également développé les services à ses clients. Un propriétaire de yachts veut refaire sa sous-marine ou réviser son moteur: Rodriguez a un service qui le prend en charge. Il veut refaire l’intérieur de son bateau: il est reçu dans le show room du groupe et conseillé par les stylistes maison. Il veut mettre son yacht en chantier ou le mettre en location: Rodriguez a un service via sa filiale Camper & Nicholsons.
Le groupe a également une agence de «Crew placement», c’est-à-dire de placement d’équipages pour ses clients. Il propose aussi à la vente des places dans les marinas les plus prisées de la côte d’Azur et notamment à Saint-Tropez.