Les professions maritimes sont aussi vastes que l’océan lui-même. En effet, lorsqu’on veut vivre de la mer, il existe une multitude de domaines dans lesquels évoluer. La première question est de savoir si l’on souhaite en vivre à terre, en mer, ou en zone contiguë (littoral, plage, port, chantier naval, etc.).
- Vivre la mer depuis la terre peut concerner une multitude de métiers, que ce soit juriste, armateur, mécanicien, broker, ship-manager, agent d’escale, préparateur, l’administration maritime, ingénieur, architecte, maître voilier, artisans, experts, courtiers.
- Vivre la mer depuis une zone contiguë, cela peut concerner les travailleurs sur les chantiers navals, mais aussi le personnel portuaire, les cultures marines et aquacoles, guetteur sémaphorique, gendarmes maritimes, les bateau-écoles.
- Vivre la mer depuis la mer concerne les métiers de la navigation, notamment ceux de la Marine Nationale, de la Marine Marchande et de la plaisance professionnel. Il est coutume de dire qu’il existe dans la Marine Nationale tous les métiers possibles sauf conducteur de char (bien que l’on puisse trouver une exception à celle-ci à bord des véhicules embarqués sur les navires amphibies).
Les quelques exemples cités ci-dessus ne sont évidemment pas exhaustifs : la mer peut faire travailler la majorité des métiers.
La question ici est de savoir comment faire pour devenir marin, quelles sont les différentes voies qui permettent d’accéder aux métiers de la navigation maritime (et non fluviale).
Être marin professionnel peut se faire dans quatre domaines :
- La Marine Nationale
- La Marine Marchande
- La Pêche
- La Plaisance Professionnelle
Il existe deux domaines supplémentaires qui font exception :
- Celui du pilotage maritime et portuaire. Cependant, ce secteur est inaccessible si le candidat ne répond pas à plusieurs critères liés à la Marine Marchande.
- La navigation sportive, la voile exclusivement et du ressort de la Fédération Française de Voile. Le cursus scolaire et le profil professionnel du marin sportif sont spécifiques et ne partagent pas le même environnement professionnel.
Être marin dans la Marine Nationale
Les formations aux métiers de la navigation militaire sont exclusivement dispensées aux écoles militaires. Les grades (de Matelot à Amiral) correspondent à un niveau de responsabilité, d’instruction, de formation.
Les marins embarqués peuvent l’être à bord de bâtiments de surface ou de sous-marins. Il existe environ une dizaine de secteurs de spécialités au sein desquels ils peuvent évoluer :
- L’aéronautique
- Le nucléaire
- La restauration
- L’armement
- Les opérations maritimes
- RH – Communication – Administration
- Informatique et télécom
- Plongée
- Mécanique
- Protection et sécurité
Il est impossible de devenir marin militaire sans être passé au minimum par un Centre d’Information et de Recrutement des Forces Armées (CIRFA). Le candidat peut postuler sans aucun diplôme. Si son profil correspond aux critères des recruteurs, un contrat lui sera proposé et une formation lui sera dispensée. Cette formation sera qualifiante et lui permettra de se reconvertir professionnellement au terme de son contrat.
Il existe plusieurs écoles selon la spécialité choisie et le contrat signé : Ecole des mousses, Ecole de Maistrance, Centre d’Instruction Nautique.
Il existe une autre voie pour devenir marin militaire, considérée comme la voie royale : le concours pour intégrer l’Ecole Navale et devenir Officier de Marine. Ce concours est accessible par la voie post-prépa qui forme aux concours des grandes écoles après une filière scientifique. Le concours est gratuit et est rattaché à celui de Central-Supelec. Un étudiant qui a suivi ce cursus et diplômé de l’Ecole Navale a un niveau Master en ingénierie maritime.
Il est également possible d’intégrer l’Ecole Navale sur dossier, en étant déjà diplômé en niveau Ingénieur, tant que la limite d’âge n’empêche pas l’accès.
La limite d’âge est généralement 21 ou 27 ans selon le poste, le contrat proposé, ou la filière choisie
Toutes les informations pour devenir marin militaire sont à retrouver sur etremarin.fr.
Être marin dans la Marine Marchande
Être marin dans la Marine Marchande (la MarMar pour les familiers), c’est habituellement travailler dans le secteur du transport maritime. Il peut s’agir du transport de cargaisons (ciment, containers, gaz, etc) ou de personnes (vedettes à passagers, taxi-boat, croisières, ferrys, yachting). Nous pouvons considérer également que la Marine Marchande intègre également la Pêche et la plaisance professionnelle d’une certaine manière car les marins sont soumis aux mêmes règles de navigation. Enfin, la MarMar ne se cantonne pas qu’au transport, car les navires de travail (câblier, remorqueurs) en font partie intégrante. Dans ce cas, le terme de Marine Marchande devient générique.
Les domaines de la Marine Marchande sont très vastes et représentent près de 450.000 emplois en France. Ces activités maritimes s’appuient sur un large panel de formations allant du C.A.P au grade d’ingénieur qui donnent accès à une position précise à bord entre le pont (la passerelle) ou les machines (les salles moteurs).
Le candidat au métier de marin doit d’abord se poser la question du type de navigation qu’il souhaite effectuer :
- Quel domaine : transport de marchandises / de passagers / plaisance professionnelle / pêche / tourisme
- Les conditions de travail : partir ? / loin ? / un peu ? / longtemps ?
- La spécialité choisie : pont / machine
- Le niveau de responsabilité : matelot / lieutenant pont / chef de quart machine / second mécanicien / chef mécanicien / second capitaine / capitaine
Après avoir répondu à ces questions, le candidat aura plus de faciliter à choisir la formation adaptée. Plus la responsabilité est grande, plus le diplôme sera qualifiant, et plus le salaire est élevé.
Le salaire :
Celui-ci dépend de quatre conditions principales :
- de la formation suivie et du titre professionnel obtenu ;
- de la fonction exercée à bord du navire ;
- des caractéristiques du navire (jauge, taille, catégorie) ;
- du type de navigation (embarquement de courte durée ou long cours).
Ainsi, un marin titulaire d’un brevet de capitaine de 1re classe de la navigation maritime qui exerce des fonctions de capitaine à bord d’un ferry (navigation de courte durée) gagnera un salaire moyen brut de 4 500 à 7 000 euros par mois.
Au long cours (3 mois de navigation environ par embarquement), le marin est exonéré d’impôts sur le revenu.
Les formations :
L’École nationale supérieure maritime (ENSM) et les lycées professionnels maritimes (LPM) dispensent un enseignement initial gratuit, hormis les frais d’inscription.
Selon la voie et la spécialité désirées, le parcours de formation sera différent :
1°) Accès aux Lycées Professionnels Maritimes pour les postes de matelot et équivalents : élèves issus des classes de 3e des collèges. La formation débouche sur des :
- CAP Maritime Matelot (CAPM),
- BEP Marin du commerce (BEP rénovés – certifications intermédiaires des
bacs pros maritimes), - Bacs pros maritimes,
- BTS Maritime qui permettent d’accéder aux métiers de la pêche, du commerce, de la pêche, de la plaisance ou des cultures marines.
2°) Accès à l’ENSM pour la formation des officiers :
- Filière polyvalente, pour être officier de 1re classe de la marine marchande et
ingénieur maritime :- sur concours niveau bac S ;
- entrée sur dossier et entretien pour les bac + 2.
- Filière monovalente machine :
- sur concours niveau bac S ;
- entrée sur dossier et entretien pour les titulaires du BTS Maritime maintenance des systèmes électro-navals (MASEN).
- Filière monovalente pont :
- après examen ou test pour les professionnels maritimes.
3°) Il est également possible d’accéder à ces diplômes par la voie des centres agréés par le ministère chargé de la mer en métropole et outre-mer.
Les diplômes :
Toujours selon la position souhaitée à bord et le parcours suivi, le diplôme sera différent :
- Un master si le candidat est passé par l’ENSM (diplôme d’ingénieur)
- Un baccalauréat
- Un BTS
- Un CAP
Si le candidat a suivi une formation en candidat libre par la voie d’un centre agréé par le ministère chargé de la mer, il pourra obtenir (liste non-exhaustive) :
- Un Certificat Matelot de Pont
- Un brevet restreint d’aptitude à la conduite des petits navires
- Un brevet d’aptitude à la conduite des petits navires
- Un brevet d’aptitude à la conduite de petits navires à voile
- Un brevet de Capitaine 200
- Un brevet de mécanicien 250Kw
- Un brevet de mécanicien 750Kw
- Un brevet de Capitaine 500 – chef de quart 500
- Un brevet de Capitaine 3000
Les diplômes de Master, Baccalauréat, BTS, CAP (voies scolaires), incluent parmi eux certains de ces brevets. Par exemple, un titulaire d’un BTS Maritime sera titulaire d’un Capitaine 3000. Un titulaire d’un Baccalauréat professionnel maritime sera titulaire d’un Capitaine 200.
Certains diplômes (matelot de pont par exemple) constituent la porte d’entrée aux métiers de marin.
Il existe de nombreux diplômes et brevets qui permettent d’accéder à une spécialité particulière à bord d’un navire de commerce, ils sont à découvrir sur le site formation-maritime.fr. Le site internet du Centre Européen de Formation Continue Maritime (CEFCM) détaille également et de manière claire les différents diplômes qu’il dispense.
Pour connaître une école ou un centre agréé qui dispensent ces formations, le site du ministère en charge de la mer PROMETE permet de consulter l’ensemble des offres.
Être marin dans le domaine de la pêche :
Les formations de la Marine Marchande détaillées ci-dessus incluent celles qui concernent la pêche, notamment pour le poste de matelot à bord d’un navire. Cependant, si le candidat souhaite occuper un poste à responsabilité comme celui de Patron, il lui faudra passer un ou plusieurs diplômes particuliers :
- Matelot de pont – spécialité pêche
- Capitaine 200 – pêche
- Lieutenant de pêche
- Patron.ne de pêche
- Officier Chef de Quart – pêche
- Certificat d’Aptitude au Commandement de la Petite Pêche (CACPP)
Ces différents diplômes comprennent dans le cursus de formation des modules particuliers à obtenir (examens sur la radiocommunication, certificats sur les formations de base à la sécurité, etc). C’est la raison pour laquelle chaque diplôme, bien qu’équivalent d’un point de vue opérationnel, comprend des formations spécifiques. Il en est de même pour les diplômes liées à la plaisance professionnelle.
Être marin dans la plaisance professionnelle :
Les formations nécessaires pour exercer à bord des navires de plaisance sont dispensées dans les lycées professionnels maritimes, dans les centres de l’École nationale supérieure maritime et dans des centres agréés par le ministère chargé de la mer, en métropole et outre-mer.
Autrement dit, les diplômes sont (à quelques modules de formation près) les mêmes que celles qui concernent la Marine Marchande selon le type de navigation et le type de navire. La question de la position souhaitée à bord est toujours importante car elle déterminera le diplôme à avoir pour l’occuper (pont ou machine).
Selon que l’on navigue au commerce, à la pêche ou dans le yachting, les salaires peuvent varier. Cependant, le candidat au métier de marin doit toujours garder à l’esprit que la profession de marin est une profession réglementée. Elle est soumise à des conditions spécifiques d’accès et d’exercice telles que prévues par le code du transport (article L5521-1 et suivants), notamment :
- La moralité :
Nul ne peut exercer les fonctions de capitaine, d’officier chargé de sa suppléance, de chef mécanicien ou d’agent chargé de la sûreté du navire s’il ne satisfait à des conditions de moralité et si les mentions portées au bulletin n° 2 de son casier judiciaire sont incompatibles avec l’exercice de ces fonctions. - L’aptitude médicale :
Une visite de contrôle auprès des gens de mer est pratiquée avant l’intégration dans un établissement ou centre de formation maritime. À l’issue de cette visite, le candidat s’expose à être éventuellement déclaré inapte. - La couverture sociale :
En règle générale, le marin est soumis à la législation sociale de l’État du pavillon du navire sur lequel il exerce son activité professionnelle. Le marin employé à bord d’un navire battant pavillon français, ainsi que l’élève inscrit dans un Lycée Professionnel Maritime ou à l’ ENSM (Ecole Nationale Supérieure Maritime) relèvent du régime spécial de sécurité sociale des marins géré par l’Établissement national des invalides de la marine (ENIM). - La candidature des élèves étrangers :
Les candidats ressortissants d’un État non membre de l’Union européenne doivent produire un document attestant l’accord des autorités maritimes de leur pays d’origine et un justificatif de bourses d’études ou de ressources permettant de couvrir les frais occasionnés par leurs études en France.
Pour rappel, ces multiples voies pour accéder au métier de marin concernent ceux qui souhaitent naviguer sur des navires battant pavillon français. Comme précisé ci-dessus, le marin est soumis à la législation sociale de l’Etat du pavillon du navire sur lequel il travail. Par conséquent, un candidat français souhaitant devenir marin sur un navire battant pavillon étranger n’est pas nécessairement soumis aux mêmes formations et cursus. Il devra se renseigner auprès des autorités maritimes de l’Etat du pavillon.
Où se renseigner ?
www.ecologique-solidaire.gouv.fr
Pour tout renseignement relatif au marin et à sa formation, au service de santé des gens de mer et au navire, les services du littoral et de la mer répondront des Directions Départementales des Territoires et de la Mer sauront répondre aux questions.