Bibliothèque maritime : L’âge d’or des cartes marines

Parmi les trésors de la Bibliothèque Nationale de France figurent des cartes marines enluminées sur parchemin appelées « portulans« , de l’italien « portolano » qui signifie « livre d’instructions nautiques« .

Cet ouvrage coédité par la Bibliothèque Nationale de France et Seuil en 2014 retrace l’exploitation des supports de navigation maritime depuis le XIIè siècle. Ces portulans publiés sont authentiques et particulièrement révélateurs de la destination que les hommes ont choisi d’attribuer à la mer à cette époque.

En effet, hormis l’aspect technique de ces cartes, celles-ci furent aussi produites sous la forme d’images du monde enluminées, destinées à de riches commanditaires, illustrant les intérêts économiques et politiques des puissances maritimes européennes.

Réunissant les contributions d’une quinzaine de spécialistes européens, le livre fait le point des connaissances sur ce type de cartes et reflète le renouveau historiographique des dernières années.

Ainsi, sous un angle inédit, l’ouvrage interroge la manière dont les Européens ont découvert et conquis mais aussi étudié et représenté territoires et peuples du XIVe au XVIIIe siècle.

L’ouvrage de 250 pages est divisé en trois titres :

  • La Méditerranée, qui constitue la matrice des portulans car berceau de la navigation maritime,
  • Le grand large, avec le défi des océans, des explorations et des enjeux géopolitiques
  • L’océan Indien, et tel qu’il a été imaginé au Moyen-Âge, tel qu’il a été étudié de façon macroéconomique au travers de ses routes, de ses défis et de ses dangers.

Enfin, en mettant de côté l’intérêt économique et politique de la navigation ainsi que l’aspect technique des cartes marines, ce sont de véritables pièces artistiques que le livre nous dévoile.

Car même si ces supports sont destinés à prendre place dans les cabinets de travail et les bibliothèques, les éléments décoratifs sont de première importance : roses des vents ornementales, petites vues de villes, figures de souverains, de plantes et d’animaux (réels ou imaginaires) sont nombreuses et révèlent souvent au XVIè siècle la main d’un artisan expert.

On trouve également de manière de plus en plus fréquente une figure religieuse, la Vierge, Jésus-Christ ou un saint, sur le « cou » des cartes.

Le rayonnement d’un État ou d’une nation au travers de ses artistes et ingénieurs, et tout ce qui attrait au symbole, ont toujours eu une place prépondérante dans la communication d’un pouvoir souverain. Ce livre le révèle parfaitement.

Son prix : 29 euros.

Cette œuvre est née à l’issue de l’exposition à la bibliothèque François Mitterrand en 2012-2013.

Pour conclure, on peut dire en lisant ce recueil que l’objet de ces cartes n’était pas tant d’aider les navigateurs à se repérer que de se représenter le monde dans sa diversité et diffuser une connaissance nouvelle auprès des cercles politiques, scientifiques et commerçants du vieux continent. Ces merveilles offrent donc une somptueuse invitation à redécouvrir la mythologie des Grandes découvertes et des voyages au long cours.

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