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Qui décide des noms donnés aux bâtiments de la Marine Nationale ?

BPC Tonnerre © EMA

Le choix du nom d’un bâtiment de la Marine Nationale est intégré dans un processus complexe intégré dans les étapes de la vie d’un navire de guerre.

Aucune instruction n’existe précisément sur la procédure de nomination. Il n’y a pas de cadre de référence pour cela. La réponse du choix du nom d’un navire militaire ou celui d’une classe de navire (type Tripatite, Suffren, Mistral, Clémenceau, Horizon, La Fayette, Georges Leygues, etc…) est vraisemblablement inclus dans les protocoles d’étapes de la vie d’un navire de guerre, encadré par de très nombreux textes, décrets, arrêtés, instructions ou circulaires, mais en bout de processus, il n’y a qu’une personne capable de trancher sur le nom retenu.

Comme le rappel le site Netmarine.net, la vie d’un navire de guerre est marquée par une multitude d’étapes réglementaires, administratives et industrielles.

Intervenant sous l’égide du ministère de la défense, qui fixe les grandes orientations et donne des arbitrages, différents acteurs participent aux opérations d’armement naval :

Plusieurs instructions générales relatives aux opérations d’armement détaillent les actions liées aux divers stades d’avancement de l’opération, de l’initialisation jusqu’au retrait du service du bâtiment, comme par exemple l’instruction sur le déroulement des opérations d’armement. Ce processus est adapté à chaque type de bâtiment en fonction de sa taille, de son mode de construction, de ses caractéristiques, de son emploi et de sa destinée en fin de vie.

Une première phase définissant les besoins militaires :

Au commencement, dans les étapes d’identification des besoins militaires et de création de bâtiments, l’état-major de la marine s’appuie sur un officier de cohérence opérationnelle pour rédiger un objectif d’état-major, document de première analyse qui permet de définir le besoin fonctionnel. En parallèle la délégation générale de l’armement établit un ordre de grandeur des coûts prévisionnels, et propose une stratégie contractuelle.

Une équipe de programme intégré est ensuite constituée, avec à sa tête un Officier de Programme de l’État-Major de la Marine, ainsi qu’un Directeur de Programme de la Direction Générale de l’Armement.

En fonction de la stratégie contractuelle retenue, une phase de dialogue avec l’industrie intervient, ou alors une phase de négociation s’il y a mise en concurrence, qui se traduit en bout de course par la notification d’un marché public, et la construction du bâtiment va pouvoir commencer. Si vous souhaitez d’ailleurs découvrir et survoler les différentes étapes, rendez-vous sur Netmarine.

Le processus de nomination :

Concernant le processus de nomination, c’est le SIRPA, le Service d’Information et de Relations Publiques de la Marine Nationale qui, à l’occasion d’une saisine à ce sujet, a dévoilé à la presse le processus de nomination :

L’Officier de Programme, en charge de rédiger la fiche caractéristique militaire du bâtiment, va transmettre parallèlement une liste de propositions de noms au Service Historique de la Défense.

Celui-ci donne ensuite un avis et transmet à son tour au Chef d’État-Major des Armées, qui propose enfin au Ministère de la Défense qui aura le dernier mot.

Un choix de noms très encadré :

Les noms proposés doivent répondre à tes critères strictes et qui soient évocateurs selon 5 logiques :

Concernant la classe d’un navire lorsque plusieurs sisterships sont construits, c’est le nom du premier bâtiment d’une catégorie qui donne son nom à toutes les catégories, comme par exemple les PHA (anciennement BPC) de classe Mistral, ou le sous-marin nucléaire Suffren.

En tout état de cause, c’est toujours le ou la ministre des armées qui prend la décision finale, car les noms des bâtiments de combat sont lourdement chargés de symbolique et d’histoire.

Par ailleurs, selon une étude sur la symbolique des noms des navires de guerre dans la Marine française entre 1661 et 1815 publiée en 1997, les chercheurs de l’université d’Angers ont décelé quatre grands thèmes de noms qu’ont porté les vaisseaux et frégates français lancés depuis le début du règne personnel de Louis XIV jusqu’à la fin du Premier Empire :

Le premier thème concerne la mer elle-même, la navigation et ses dangers. Ensuite le thème guerrier se fait jour à travers d’autres éléments spécifiques tandis que la souveraineté, qu’elle soit royale, populaire ou impériale semble former une troisième préoccupation ayant présidé au choix de certains noms. Enfin, la localisation géographique liée à des appellations parfois inattendues apparaît comme un phénomène ponctuel mais décelable à plusieurs reprises.”

L’histoire a montré que le choix des noms n’a pas toujours obéit à ces règles précises comme lorsque certaines frégates, initialement destinée à des missions de liaisons et d’informations, se sont vues attribuer des noms évoquant sa légèreté, sa vélocité, sa grâce, son élégance, comme :

L’étude sur la symbolique des noms des navires de guerre est à retrouver en cliquant ici ou au format PDF en cliquant ici.

Aussi, lorsqu’une unité a été décorée pour son action au combat, la Marine Nationale s’efforce de réutiliser son nom afin d’assurer la transmission de ses traditions. Par exemple, pour les nouveaux SNA de la classe Suffren, le choix s’est porté sur des noms de marins illustres des XVIIè et XVIIIè siècles.

Quelques éléments sur le cycle de vie d’un navire de guerre sont également à retrouver sur le site internet du ministère de la défense.

Enfin, le site internet Trois-Ponts qui écume le passé naval publie des pépites historiques et des articles complets et très documentés, dont un particulièrement pertinent relatif à l’usage de l’article (“Le” ou “La“) devant les noms des navires.

“La flotte devient le miroir des conquêtes territoriales et des victoires, comme si nommer un vaisseau Austerlitz effaçait le désastre de Trafalgar”.

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