
Le 06 décembre 2018, l’ONG SOS Méditerranée annonçait abandonner le navire Aquarius qu’elle affrétait à un armateur allemand, et qui est encore à ce jour au centre de toutes les polémiques dans le cadre de ses opérations de sauvetage de migrants en Méditerranée.
Le navire, rebaptisé Aquarius II puis Aquarius Dignitus, était à la recherche d’un pavillon depuis le mois d’août, et dont aucun Etat ne voulait se porter garant.
Pourtant, le président de l’ONG Francis Vallat annonçait aux Assises de la Mer 2018 être prêt à aller jusqu’à se tourner vers un pavillon de la Black List et faire un pied de nez aux Etats qui refusent de faire face à leurs responsabilités.
« Face aux attaques incessantes dont le navire et ses équipes ont fait l’objet, cette décision (abandonner l’Aquarius, ndlr) devrait favoriser la reprise rapide et durable de la mission de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale. Ainsi, en dépit du climat hostile dans lequel évoluent les ONG de secours en mer, SOS Méditerranée demeure pleinement engagée à fournir une assistance vitale aux naufragés et se prépare à reprendre les opérations de recherche et de sauvetage début 2019 », indique son communiqué.
Pourtant, le 28 novembre, à Brest, Francis Vallat exprimait devant l’ensemble de la communauté maritime réunie à l’occasion des Assises de la mer. Jusque là, l’Aquarius ne bénéficiait qu’un pavillon administratif du Liberia pour des questions d’assurance mais avec lequel il n’a pas le droit de sortir en mer et d’effectuer les missions pour lesquelles il est affrété.
Jean-Marie Biette, directeur général du groupe Infomer chez Ouest-France, menait l’entretien sur scène avec le Président de l’ONG et Anthony, l’un des marins du navire.
F Vallat : “- Nous sommes le bateau le plus surveillé dans le monde. Le State Port Control, nous l’avons à chaque relâche. Le seul navire au monde qui ne trouve pas de pavillon, c’est l’Aquarius, devenu un enjeu et un combat politique, alors que nous le savons tous, des milliers de bateaux dans le monde respectent plus ou moins les conventions, et l’Aquarius en fait partie malgré son âge.
J-M Biette : – Vous donnez combien de temps pour explorer la recherche d’un nouveau pavillon ?”
F Vallat : – Jusqu’à la fin de l’année. Il y a plein de solutions, mais nous ce que nous voulons c’est repartir en mer, et s’il le faut, contre tout ce qui a été dans ma carrière d’armateur, où je me suis toujours battu pour les pavillons nationaux, nous prendrons n’importe quel pavillon, y compris un pavillon de la Black List qui nous permettra de re-naviguer. Bien entendu, on maintiendra nos critères, et tout ce que nous faisons à l’heure actuelle, c’est de demander aux Etats de droit pour lesquels il faut comprendre les problèmes de nous aider tout de même à nous trouver un pavillon. Il y a d’autres possibilités aussi : changer de bateau par exemple. D’ici la fin de l’année, nous aurons je l’espère trouvé une solution”
A voir à partir de 13 minutes dans la vidéo ci-dessous :
Pourtant, le 06 décembre, l’ONG a annoncé renoncer au navire, et a donc préféré en changer et en affrété un nouveau, non pas pour abandonner le sauvetage en Méditerranée, mais au contraire pour le reprendre.
Dans son communiqué, SOS Méditerranée indique explorer désormais “activement les options pour un nouveau navire et un nouveau pavillon, et étudie sérieusement toutes les propositions d’armateurs qui lui permettraient de poursuivre sa mission de sauvetage”.