Qui était le Chevalier Paul dont une frégate de la Marine porte le nom ?

La Frégate Chevalier Paul de la Marine Nationale est une frégate de défense aérienne nécessaire pour assurer la protection d’une force contre les menaces aériennes (aéronefs ou missiles) ou assurer le commandement et la coordination des opérations aériennes menées à partir de la mer.

Ce bâtiment est multifonction et a été conçu pour pouvoir lutter contre tout type de menace, même sous-marine, même électronique.

Le contrat de commande a été signé en octobre 2000, sa première sortie en mer a eu lieu en 2007, et son admission au service actif a été en juin 2011. Autant dire que ce bâtiment, dont la ville de Nantes est marraine depuis 2012, est très récent.

Mais qui était le Chevalier Paul, et pourquoi une frégate de la Marine porte son nom ?

La frégate de Défense Aérienne D621 Chevalier Paul n’est pas le premier bâtiment à porter ce nom, mais le troisième.

En effet, avant lui existait un contre-torpilleur, premier du même nom, en service de 1934 à 1941, qui termina brutalement torpillé et coulé devant Lattaquieh en Syrie par des avions anglais.

Le deuxième du nom fut un escorteur d’escadre, en service de 1956 à 1971.

Le Chevalier Paul appelé également « Capitan Pol », de son nom patronymique Jean-Paul de Saumeur, a des origines mystérieuses.

Sa légende raconte qu’il naquit en mer, sur une barque, en rade de Marseille, en 1598. Il fut, selon des rumeurs non confirmées, le fils naturel d’une lavandière et du marquis Paul de Fortia, gouverneur du château d’If qui l’aurait pris sous sa protection. Un environnement qui détermina son existence passée sur les flots.

En effet, il commence à naviguer dès l’âge de douze ans.

Vers 1614, il s’embarque à La Ciotat sur un brigantin de l’Ordre de Malte et donne rapidement les preuves d’une valeur exceptionnelle qui lui firent pardonner ses nombreuses incartades de jeunesse (comme le fait d’avoir tué son Caporal lorsqu’il était matelot pour le compte de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem).

Il devient corsaire en mer Méditerranée puis intègre la Marine royale à la demande de Richelieu et combat pendant toute la guerre franco-espagnole (1635-1659). Ses nombreuses victoires lui valent d’être nommé lieutenant-général et vice-amiral du Levant. Il est nommé chevalier de grâce et commandeur par le grand maître Martin de Redin.

Louis XIV le tenait en haute estime et il l’anoblit. En 1660, étant à Toulon, il lui fait l’honneur de lui rendre visite dans sa propriété « La Cassine », en compagnie de sa cour. Présents, les poètes Chapelle et Bachaumont en feront le récit :

Nous trouvâmes à Toulon, M. le Chevalier Paul, qui, par sa charge, par son mérite et par sa dépense, est le premier et le plus considérable du Pays.
C’est ce Paul, dont l’expérience
Gourmande la Mer et le Vent ;
Dont le bonheur et la vaillance
Rendent formidable la France
A tous les Peuples du Levant.
Ces vers font aussi magnifiques que sa mine ; mais, en vérité, quoiqu’elle ait quelque chose de fier, il ne laisse pas d’être commode, doux et tout à fait honnête. Il nous régala dans sa cassine, qui est si propre et si bien entendue, qu’elle semble un petit Palais enchanté.

Le biographe provençal Claude-François Achard, le décrit de la sorte :

« Le Chevalier Paul était d’une taille assez haute, il avait quelque chose de sombre dans la physionomie: sa moustache et son toupet formaient une espèce de croix de Malte. II était cependant plus poli que ne le sont communément les marins, et si doux qu’il ne se mettait jamais en colère. Il avait une très-petite voix, et parlait peu. Il traitait le soldat avec une extrême bonté. Jamais homme ne fut plus intrépide dans le danger, et jamais capitaine de vaisseau ne posséda mieux son métier. »

Loin d’oublier ses origines modestes, il lègue aux pauvres l’ensemble de ses biens, et demande être enterré parmi eux au cimetière de Toulon. Il se plaisait d’ailleurs à le rappeler aux autres. Le même Achard raconte l’anecdote suivante :

« Un jour qu’il passait sur le port de Marseille avec un brillant et nombreux cortège d’officiers qui lui faisaient leur cour, il aperçut à quelque distance un matelot qu’il crut reconnaître : s’en étant approché, il lui dit :

— « Mon ami, pourquoi me fuyez-vous? Pensez-vous que la fortune n’ait fait oublier mes premières connaissances ? »

Puis se tournant vers ceux qui le suivaient :

— « Messieurs, leur dit-il, voilà un de mes anciens camarades ; nous avons été mousses sur le même vaisseau ; la fortune m’a été favorable, elle lui a été contraire ; je ne l’en estime pas moins, souffrez que j’aie avec lui une demi-heure d’entretien ».

II le fait asseoir à ses côtés, lui parla des aventures de sa jeunesse, s’informa s’il avait des enfants, lui recommanda d’aller l’attendre à son hôtel ; fit dès le même jour il lui procura dans la Marine un emploi qui le fit subsister honorablement avec sa famille. »

Ainsi, c’est pour sa noblesse d’âme, pour ses exploits sur les mers et ses sacrifices au service de la France que la Nation lui rend hommage, et n’oublie pas ceux qui l’ont fait rayonner au-delà des horizons.

Un commentaire

  1. Un vrai chevalier qu ce Monsieur

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