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CIP 2014 : Les grands skippers IMOCA racontent

La Coupe Internationale du Printemps Optimist, plus importante régate d’Optimist de tout le littoral français, car épreuve qualificative aux championnats d’Europe et du Monde, est organisée pour l’édition 2014 à Cannes par son Yacht Club.

Il est donc pertinent, de par l’envergure de l’évènement, de rappeler que cette régate rassemble les futurs champion du monde de la voile, les futurs coureurs au grand large, les futurs compétiteurs des tours du monde.

À cette occasion, les grands skippers IMOCA racontent leurs premières expériences de voile, et partagent avec nous comment le début de vie de marin :

Jean-Pierre DICK, skipper IMOCA 60 et parrain de la CIP 2014, raconte :

« Mon expérience des Optimist remonte à mon enfance, lorsque je rejoignais la Bretagne où vivait ma grand-mère chaque mois de Juillet.
Le goût de la compétition est alors né. Chaque semaine de stage se terminait en régate. Je me souviens d’avoir gagné un coquetier à l’âge de 7 ou 8 ans et c’est mon plus beau souvenir !

La mer forge les caractères, ainsi que la régate. On est souvent confronté à l’échec. On apprend l’abnégation et le goût âpre quelques fois. Je suis éberluée par l’engagement des enfants et des parents qui traversent le pays pour cette compétition. J’ai souhaité être le parrain de cette Coupe Internationale de Printemps Optimist à Cannes de part mon engagement envers mon département qui me soutient, mais aussi parce que c’est un grand plaisir pour moi de voir ces enfants, de passer le relais, en quelques sortes et prendre du temps pour cette jeune génération.

Mon plus joli souvenir de mon enfance en Optimist, c’est les fins de stage : on allait souvent dans les îles, notamment celle de Callot, le samedi. C’était un moment magique pour nous, les enfants : la plage de sable fin, la mini traversée, le côté aventure, tout ça me séduisait

Jean-Pierre DICK

Retrouvez également ici notre interview de Jean-Pierre DICK.

François GABART, skipper IMOCA 60, se souvient :

« Ma première CIP ? A l’époque on parlait de CIM, c’était à Saint Maxime en 1994. J’étais en Benjamin. C’était pour moi une de mes premières “grandes” régates où tous les jeunes français étaient réunis. Je découvrais aussi un plan d’eau que je ne connaissais pas auparavant.
Bref, pleins de premières… J’ai terminé 2ème derrière Tim Boal (surfeur pro maintenant…).
20 ans après je m’en souviens toujours comme si c’était hier, comme beaucoup de mes régates en Optimist, qui quelque part, m’ont permis de faire le métier que je fais aujourd’hui.
Mais au-delà du sport, je me souviens aussi et surtout de supers moments entre ados. Beaucoup des amis de l’époque sont aujourd’hui toujours très proches et on a plaisir à se reparler de nos péripéties tout au long des régates d’Optimist…

Bon vent à tous et toutes ! »

Armel le Cleac’h, skipper IMOCA 60 se souvient :

©YvanZedda/BPCE

« J’ai commencé à naviguer en Optimist vers 7-8 ans en baie de Morlaix. Assez vite nous étions plusieurs gamins à faire partie d’une équipe de compétition et à nous entrainer ensemble (dont Jérémie). C’était très sympa cette période qui m’a permis de faire mes ‘gammes’ en voile à travers de multiples compétitions locales et nationales.

Mon conseil pour les jeunes coureurs de la CIP 2014, c’est surtout de prendre du plaisir en naviguant et de relativiser sur le résultat final ! J’ai le souvenir d’un national sur le lac d’embrun dans les Alpes où nous avions participé au 1er raid avec 500 bateaux je crois sur la ligne de départ: incroyable !! »

Armel le CLEAC’H, skipper IMOCA 60 pour BANQUE POPULAIRE

Alessandro di Benedetto, skipper IMOCA 60 se souvient :

©TeamPlastique

« J’ai de très beaux souvenirs des années en Optimist. J’ai découvert ce petit, mais magnifique, dériveur en Sicile. Je pense que l’Optimist est encore la meilleure façon de commencer à faire de la voile. Participer aux régates c’était aussi découvrir des nouveaux “mondes”, voyager, rencontrer les autres, monter parfois la tente, préparer le bateau, se débrouiller. C’est une belle école de la vie.

Le seul conseil que je peux donner aux 350 coureurs de la CIP 2014 qui sont à Cannes en ce moment, c’est de prendre plaisir à naviguer, de partager les émotions, de profiter de ces moments. Pendant une régate avec du vent fort dans l’ouest de la Sicile on ne comptait plus le nombre d’abandons, j’avais chaviré et redressé mon Optimist plusieurs fois, j’avais la partie haute de la voile déchirée, j’avais perdu l’écope et j’essayais d’évacuer au mieux l’eau avec des mouvements secs du col du pieds. Pendant plus d’une demi heure, avec le bateau alourdi, j’ai essayé en vain de couper la ligne d’arrivée sous le regard du Comité. A la énième tentative, le Comité ému, a sifflé mon arrivée. Rentré à terre, mon père, qui pour la première et je crois la dernière fois, était sur l’eau pendant une des mes régates, me donna mon écope… Par hasard il l’avait aperçue dans l’eau en passant à côté à bord d’un semi-rigide avec des amis. »

Alessandro DI BENEDETTO, skipper IMOCA 60 pour TEAM PLASTIQUE

Christopher PRATT, skipper IMOCA 60 se souvient :

©VincentRustuel

« Je n’ai jamais fait de compétition en Optimist car mes parents ne voulaient pas. J’ai commencé la compétition lorsque je suis devenu Sport Etudes, c’est à dire à l’âge de 15 ans.
En revanche, j’ai beaucoup fait d’Optimist en classe de voile pendant mon enfance. Les Optimist avaient des noms et le mien s’appelait « Loulou ». Je lui parlais beaucoup à mon bateau ! D’ailleurs, on parle toujours à son bateau. Je lui disais d’aller plus vite !

Le seul conseil que je peux donner à ces jeunes coureurs de la Coupe Internationale de Printemps Optimist qui se retrouvent au Yacht Club de Cannes, c’est qu’il ne faut pas se tromper d’objectif. Les parents mettent souvent la pression et les enfants sont trop souvent dans la compétition alors qu’ils devraient profiter d’être sur l’eau avec leurs copains. Ce n’est pas en étant bon à tout prix qu’on s’épanouit ! Ce sont ceux qui prennent le plus de plaisir qui réussissent le mieux et le meilleur exemple de ça, c’est François Gabart !

Christopher PRATT, skipper Marseillais en préparation pour le Vendée Globe 2016

Jérémie BEYOU, skipper IMOCA 60 se souvient :

©YvanZedda

« J’ai commencé à faire de l’Optimist dans la Baie de Morlaix, à Carantec. Dans le Finistère, à cette époque là, il y avait du grand niveau et réellement le moyen de progresser, ce qui a permis cette génération de Armel le Cléac’h, Yann Eliès, moi etc. Tous les trois, nous sommes toujours en compétition depuis nos premières régates en Optimist et maintenant en IMOCA 60 autour du monde. Je dirais que l’Optimist doit rester un jeu. Je n’étais pas le meilleur, je n’ai jamais dépassé la 15e place. Il n’existe pas de règle dans la voile: ce n’est pas parce que l’on est champion d’Optimist que l’on sera champion sur les courses au large. Je pense que cette période d’apprentissage et compétition en Optimist doit rester un jeu et du sport et non pas du stress. Pas de pression sur les parents, ni sur les enfants ! »

Jérémie BEYOU, skipper IMOCA 60pour Maitre CoQ

Yann ELIES, skipper IMOCA 60 se souvient :

©AlexisCourcoux

« J’ai commencé à faire de l’Optimist dans un club dans la baie de Saint Brieuc. Je faisais partie des bons, mais pas des très bons. Ceux qui sortaient du lot étaient Morgan Riou par exemple, qui avait un vrai talent à la base. Moi, j’étais un besogneux. J’ai eu du mal et mes premières expériences ont été douloureuses lorsque je me suis confronté au National. J’ai des supers souvenirs des voyages, des premières amours, des premières rencontres avec des personnes différentes de celles que je côtoyais à l’école. C’est à ce moment là que je me suis éloigné de mes copains d’école. Ma vie, c’était les parkings, la voile etc. Mes grands parents ont vite pris les commandes parce que mes parents travaillaient. J’ai donc vécu ça avec eux et mon petit frère qui, comme moi, était en équipe de France.

Le conseil que je peux donner aux enfants de la CIP à Cannes, c’est plutôt aux parents que je le donnerai : c’est une passion, il ne faut pas vouloir avoir des résultats tout de suite. Bien sûr, c’est un investissement financier, et aussi beaucoup de temps, mais c’est surtout une grande aventure. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de bons résultats en Optimist qu’on ne devient pas un grand marin. Mon souvenir mémorable de cette période là, ce sont les 500 bateaux sur la même ligne de départ sur un lac, quelque part. C’est hallucinant ! On avait la permission de 22h pour aller flirter entre les campings car et moi j’étais amoureux d’une jeune nantaise ! »

Yann ELIES, skipper IMOCA 60

Merci à la Fédération Française de Voile, au Yacht Club de Cannes et à l’organisation du CIP 2014.

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