La piraterie recule fortement en Somalie et augmente en Afrique de l’Ouest

Les chiffres du Bureau Maritime International  sur le bilan de la piraterie en 2013 sont bons, mais ils sont à nuancer. En tout, 264 actes ont été recensés l’an passé, soit le niveau le plus bas depuis six ans et une chute de 40% en deux ans. Une baisse impressionnante, principalement dûe aux chiffres du golfe d’Aden, où l’on est plus très loin de parler d’éradication du phénomène puisque seuls 15 incidents (dont deux détournements de navires rapidement interrompus par une action militaire) ont été enregistrés en 2013. Pour mémoire, en 2011, ce chiffre s’élevait à 237.

La corne de l’Afrique revient à ses statistiques de 2006, soit un an avant l’explosion puis l’industrialisation de la piraterie dans la zone. Mais il serait dangereux de croire que ces chiffres traduisent une pacification spontanée au large d’un des pays les plus pauvres au monde. Et où seul le Puntland, au Nord, semble désormais disposer d’un régime politique stabilisé.

L’occupation du terrain par les patrouilles militaires au large de la Somalie

Si les chiffres sont aussi bas, c’est d’abord en raison d’une importante présence militaire dans la zone : force européenne Atalante de l’Union européenne, Ocean Shield de l’OTAN, présence de la Vème flotte de l’US Navy et de bâtiments militaires russes, japonais ou encore chinois… les patrouilles aéro-maritimes constantes, ainsi que le travail de renseignement des différentes armées, ont permis de considérablement déstabiliser les pirates somaliens. Une pression militaire qui a évolué, puisque les actions de vive force visant à reprendre les navires se sont multipliés, que le droit de poursuite peut désormais être appliqué dans les eaux territoriales et qu’une destruction préventive des bateaux-mères est effectuée. Il s’agit d’une occupation de terrain, combinée à l’application des bonnes pratiques par les équipages ainsi qu’à l’embarquement de gardes privés, s’ajoutant aux équipés de protection embarquée militaires, que tous les spécialistes s’accordent à dire qu’elle doit être poursuivie. Au risque, sinon, de voir repartir très rapidement le phénomène.

Atalante devrait être reconduite

Lancée fin 2008, l’opération Atalante, qui mobilise des moyens mis à disposition par les Etats de l’Union européenne, dispose d’un mandat d’action courant jusqu’à la fin 2014. Mais selon le site spécialisé dans l’actualité européenne Euractiv, celle-ci devrait être reconduite. Il cite une source proche des décideurs bruxellois qui précise « qu’il n’y a, pour l’instant, aucune raison de penser que les Etats membres ne vont pas prolonger le mandat. Il y a même de fortes chances pour qu’il soit prolongé de deux ans ». L’Union européenne a par ailleurs, toujours selon la même source, approuvé les décisions des Etats membres, dont désormais la France, d’autoriser l’embarquement de gardes privés.

Une piraterie plus violente dans le golfe de Guinée

Dans le golfe de Guinée, en revanche, les chiffres indiquent une détérioration de la situation. La traditionnelle zone d’action des pirates nigerians, le delta du Niger, s’étend désormais au large et vers l’Est et les côtes du Cameroun, du Gabon, du Togo et même de la Côte d’Ivoire.  Les attaques dans les régions représentent environ 20% des statistiques mondiales en 2013 soit 51 attaques, 49 personnes prises en otages, 36 autres kidnappées, des chiffres en très forte progression. Le modus operandi de la zone évolue : là où, jusqu’à présent, de nombreuses actions de piraterie visaient au siphonnage des navires pétroliers, elles évoluent désormais vers des prises d’otages et des demandes de rançon. Et elles sont de plus en plus violentes.

En Asie, plusieurs zones chaudes sont répertoriées. L’Indonésie d’abord, où de nombreux vols sont effectués sur les navires au mouillage, parfois avec la menace d’une arme ; ces incidents ont très fortement augmenté lors du dernier trimestre 2013.  L’Inde et le Bangladesh ensuite, où une trentaine d’incidents ont été enregistrés, principalement des vols d’opportunité. Et enfin la Malaisie, où deux chimiquiers ont été détournés l’an dernier.

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